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Le risque d'une ingérence étrangère en Europe, décryptage des élections allemandes

Depuis quelques années, l'Europe navigue en eaux troubles. La vague d’extrême droite progresse à l’échelle continentale, menaçant nos principes fondateurs. Les discours populistes, nationalistes, eurosceptiques, voire parfois pro-russes se multiplient, et séduisent de plus en plus l’électorat européen. Après la Hongrie, c’est l’Italie qui a placé un gouvernement d’extrême droite au pouvoir, et les récentes élections européennes ont également vu se multiplier les sièges occupés par des candidats à droite de l'échiquier politique. À cette radicalisation de l’Union européenne s’ajoute une nouvelle menace : l’ingérence étrangère.

Si l’Union européenne a pendant plusieurs décennies réussi à se consolider comme une puissance indépendante, elle fait aujourd’hui face à des tentatives de déstabilisation. L’usage de plus en plus débridé des réseaux sociaux à des fins de manipulation électorale est inquiétant. Il est aujourd’hui à craindre que des acteurs étatiques ou non étatiques tentent de s'immiscer dans les affaires européennes, en instrumentalisant les campagnes politiques, influençant ainsi l'électorat pour servir leurs intérêts.


Il y a deux mois, le 6 décembre dernier, c'est la Cour constitutionnelle roumaine qui annulait la présidentielle, quelques jours avant le second tour. Cette décision inédite intervenait alors que le candidat pro russe, Cālin Georgescu, arrivait, à la surprise de tous, en tête du premier tour. Après une campagne secouée de controverses, la tête de file du Parti d’extrême droite était soupçonnée de bénéficier d’un soutien du Kremlin, à travers une propagande soutenue et frauduleuse via le réseau social TikTok.


Mais malheureusement, la Roumanie n’est pas un cas à part, et les ingérences étrangères dans les processus électoraux européens se multiplient. À l’aube d’élections fédérales anticipées, c’est au tour de l’Allemagne d'être la cible d’une tentative de manipulation électorale.

Comment s’en prémunir et quels sont les risques de telles immixtions pour l’Union européenne  ? Décryptons ensemble les élections fédérales allemandes.



L’avancée de l’AfD dans les sondages, quels risques ?

À moins d’un mois des élections fédérales allemandes qui se tiendront le 23 février 2025, la question d’ingérence est à nouveau sur le devant de la scène. Convoquées en avance, ces élections se dressent au cœur d’une crise politique, qui a conduit à la rupture de la coalition et la mise en minorité du gouvernement du Chancelier Olaf Scholz. En renouvelant les 630 sièges du Bundestag, ces nouvelles élections devraient redéfinir le paysage politique allemand des futures années. L’assurance d’un processus électoral, juste, libre, et transparent est donc essentielle. Mais les récentes interventions d’Elon Musk pourraient le remettre en question.


À quelques semaines des élections, les sondages placent le parti conservateur CDU en tête des sondages, avec 31% des intentions de vote, tandis que l’AfD (Alternative für Deutschland) ne suit pas loin derrière avec 20% des intentions de vote. Placé à l’extrême droite de l’échiquier politique, populiste, anti-immigration et anti Europe, l’AfD, qui n’occupe aujourd’hui que 77 sièges, pourrait bien devenir la deuxième force politique du pays. Cette remontée dans les sondages fait craindre beaucoup pour l’avenir d’une Europe forte, unie, et ouverte. Bien que l’Allemagne ne serait pas la première à basculer dans l’extrême droite, cette tendance, qui s’observe en Europe et dans le monde, est de plus en plus inquiétante.



Alice Weidel recibió el apoyo de los delegados para ser la candidata de la AfD en las elecciones alemanas. EFE
Alice Weidel recibió el apoyo de los delegados para ser la candidata de la AfD en las elecciones alemanas. EFE

Le risque d’un basculement ultra conservateur de l’Allemagne met en péril l’Union européenne. Bien que l’AfD ne domine pas encore le paysage politique allemand, elle pourrait obtenir suffisamment de sièges pour influer sur l’agenda politique du pays. Si l’AfD se hisse sur le devant de la scène, il est à craindre qu’elle tente de limiter le champ d’action de l’Union européenne dans son pays. En plus d’appeler à un programme de remigration massive et de rejeter les sanctions imposées à la Russie, l’AfD demande une sortie de la zone euro et de l’Union européenne. Elle compte également faire barrage aux mesures de lutte contre le changement climatique et les politiques d’égalité homme-femme. Pour l’Union européenne, perdre le plein engagement de l’Allemagne, première force politique de l’Union, serait une véritable tragédie.


L’ingérence étrangère qui pose question

Mais ce qui pose aujourd’hui question, ce ne sont pas tant les conséquences désastreuses d’un succès de l’AfD, mais davantage l’interférence américaine dans ces élections. Après avoir soutenu Donald Trump dans sa conquête de la Maison-Blanche, le multimilliardaire américain, Elon Musk, porte à présent ses ambitions sur l’Europe.

Personnage très controversé, qui s’est illustré il y a quelques semaines par un salut qu’il serait difficile de ne pas qualifier de nazi, Elon Musk est la nouvelle coqueluche de l’extrême droite européenne. Depuis quelques semaines, il ne cesse les interventions pour soutenir l’AfD aux élections fédérales. Ce 25 janvier, il intervenait d’ailleurs en plein meeting de campagne du parti pour exprimer son soutien et ses vifs espoirs pour l’Allemagne. L’implication de plus en plus agressive d’Elon Musk, à travers un discours mêlant populisme et désinformation, pourrait bien influencer le résultat des urnes le 23 février. Face à cette ingérence, Olaf Scholz, chancelier allemand, n’a pas tardé à se manifester, affirmant que c’était au peuple allemand de décider de l’avenir de l’Allemagne, et non pas aux « propriétaires de réseaux sociaux ». Les élections allemandes ne sont pas les premières, ces derniers mois, à se trouver perturbées et influencées par une instrumentalisation des réseaux sociaux.


Nous pouvons donc nous interroger : l’Allemagne suivra-t-elle le chemin de ses voisins roumains ?



US tech billionaire Elon Musk has rattled European politics with his support for far-right parties © - / AFP
US tech billionaire Elon Musk has rattled European politics with his support for far-right parties © - / AFP

Le cas allemand n’est malheureusement pas le seul exemple de la mégalomanie d’Elon Musk : appel à la démission du Premier ministre britannique, rapprochement avec Giorgia Meloni ou Viktor Orbán, Premier ministre hongrois... ses ingérences dans les affaires européennes ne cessent de se multiplier. Également farouchement opposé à l’Union européenne, il n’hésite pas à s’attaquer directement à Bruxelles, qualifiant la Commission européenne d'antidémocratique. Reflet de son inclinaison politique mais surtout de ses intérêts financiers, les interventions d’Elon Musk s’ancrent dans son bras de fer avec l’Union européenne. En effet, l’Union européenne, avec ses nombreuses lois de régulation d’internet et de protection des données, se dresse sur le chemin de l’expansion de l’empire Musk.


Face à ces immixtions étrangères de plus en plus fréquentes, l'Europe ne reste pas muette. Les tentatives de déstabilisation du géant Musk ne sont pas au goût de tous, et plusieurs dirigeants se sont insurgés d’une telle ingérence dans les questions nationales et européennes. Emmanuel Macron et son homologue espagnol n’ont pas hésité à accuser Musk de soutenir une “internationale réactionnaire”. Un enquête sur les ingérences d’Elon Musk a également été demandée à l’UE.

De telles attaques contre la démocratie, l’autonomie et la souveraineté européenne ne peuvent perdurer. Il est temps que l’Union européenne se montre plus ferme que jamais pour assurer une tolérance zéro à l’ingérence étrangère, et à l’usage détourné des réseaux sociaux à des fins de déstabilisation politique. La question de régulation d’internet et la lutte contre la désinformation et les discours de haine, doit à présent revenir au cœur des préoccupations européennes.



SOURCES :













 
 
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